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ViaRhôna, de Lyon à la mer à vélo
En septembre de cette année, nous sommes partis à deux pour 11 jours de vacances à vélo sur la ViaRhôna. Retour et conseils sur cette superbe découverte de vacances.
ViaRhôkoi ?
La ViaRhôna est un itinéraire cyclable qui va du lac Léman à la Méditerranée. Plus de 800 km de parcours plus ou moins aménagés (selon les portions) le long du Rhône, d’abord dans les Alpes, puis à travers les vignobles et la Provence, pour finir en Camargue.
Le projet est vieux de plus de 10 ans, et n’est toujours pas terminé. Cependant de plus en plus de tronçons sont aménagés en voies vertes, rendant l’itinéraire ouvert à toutes et tous. Le tourisme se développe de plus en plus autour de cet axe, et l’on peut croiser de nombreux hôtels et campings adaptés à l’accueil de vélos le long du trajet.
Préparation
À mon avis, il y a beaucoup de manière très différentes de faire la ViaRhôna. Que ce soit dans l’état d’esprit (performance, balade ou tourisme local), le type d’hébergement (hôtel ou camping), le niveau d’organisation (de l’improvisation totale au tour operator) ou le choix des lieux et temps d’étapes. Je penses qu’il y en a pour tout les goûts, et ce que je vais détailler par la suite n’est qu’une manière parmi d’autres, celle qu’on a choisi, de faire ce circuit.
“Notre” ViaRhôna
Pour nos vacances, notre souhait était surtout de faire une grande balade à vélo, sur plusieurs jours, avec quelques moments de visite. N’étant pas franchement expérimentés et résidants à Lyon, on a éliminé tout le tronçon entre le lac Léman et Lyon, on avait peur que ce soit un peu trop vallonné.
Comme nous faisons du vélotaf depuis quelques mois, on a fait le choix de prendre nos VTC (détails plus bas), d’acheter les 2-3 sacoches nous même, et surtout de ne pas trop nous charger. On a donc écarté les campings, et on est parti du principe que l’on réserverais des chambres à l’avance, pour ne pas se trimballer tentes et duvets (mais ça reste un moyen très économique de faire la ViaRhôna).
Enfin on a estimé notre niveau entre 60 km et 75 km par jour, avec une ou deux journées de visite pour souffler.
On a aussi pris en compte 2 choses que je conseille à tout le monde :
- éviter les mois de juillet et août, la chaleur ça coupe bien les pattes
- pour le retour en train il faut s’arranger pour le faire hors heures de pointes (pas le matin ou le soir donc), c’est un coup à se faire refuser l’accès au TER à cause des vélos si il est blindé
Préparation du trajet
On a donc commencé à feuilleter notre Guide du Routard et à chercher sur le Web pour s’organiser un itinéraire. Même si un tracé officiel existe, il y a par endroits des petites variantes, et même des échappées pour s’éloigner du Rhône le temps d’une journée.
Comme on a voulu réserver nos chambres à l’avance, on a préparé la totalité du parcours à l’avance (même si il y a eu des péripéties), en essayant d’être large. On a donc initialement planifié 9 jours de vélos (au final 8), dont une journée d’échappée, plus 2 jours de pauses à répartir (au final 3). L’objectif est de partir de Vienne (pour avoir fait la portion Lyon-Vienne quelques semaines avant, ça ne vaut pas le coup il vaut mieux descendre en TER), pour rejoindre la Méditerranée, traverser la Camargue et finir à Sète. Les étapes prévues varient entre 55 km et 72 km.
Pour la préparation, notre Guide du Routard et le site internet de la ViaRhôna nous ont beaucoup aidé, en particulier pour identifier les Accueils Vélo le long du parcours. Pendant le trajet par contre, les traces GPX sur le téléphone sont beaucoup plus utiles que les cartes du guide (qui sont trop dézoomées).
Matériel
La portion de ViaRhôna que l’on a fait est largement praticable en VTC. Les voies vertes sont en bitume ou en graviers fins, il y a quelques petites parties de route de campagne un peu caillouteuses, mais ça reste anecdotique. Côté vélo et équipements, nous avions :
- des Riverside 500, rien à redire ils font le boulot
- un porte bagages chacun
- 2 sacoches de 20 litres chacun
- une sacoche de guidon sur le mien, pour vider les poches et poser la carte
- un petit sac à dos chacun, juste de quoi prendre une gourde et le repas
- des couvres selle qui se sont avérés indispensables
Pour le reste, micro-liste non-exhaustive des choses que l’on a tendance à oublier mais qui sont indispensables :
- Gourdes (gros minimum 1L par personne)
- Crème solaire
- Tenue pour la pluie, et de quoi recouvrir les sacoches si elles ne sont pas imperméables
- De quoi bricoler le vélo : clefs, chambre à air, démonte-pneus et petite pompe
- Un antivol
- Couverts et gamelles pour manger
Voyage
On y arrive, le résumé de notre périple. Je donne ici quelques informations sur chacune de nos étapes et je mets aussi les traces GPX de notre parcours (utilisez plutôt celle du site officiel). J’ai mis aussi les temps et distances parcourus d’après mon compte-tour (je ne garantis pas que tout soit 100% cohérent avec les traces GPX).
De Vienne à Tournon-sur-Rhône : mise en jambe
Tracé
Étape N°1 de 72,04 km en 3h58 de vélo soit 18,16 km/h de moyenne.
Résumé
Départ de la gare de Vienne, traversée du Rhône puis on longe le fleuve sur de longues portions de voies vertes bien bétonnées. Excellente mise en jambe, petite pause après Port de Champagne pour manger le long de la piste.
Étape/nuit
Nous n’avons pas franchement eu le temps de visiter autour de Tournon-sur-Rhône, et j’ai trouvé l’intérieur de la ville quelconque. Une nuit à l’hôtel le Chateau, qui fait le boulot (grand garage pour les vélos) mais un poil cher.
Échappée vers Romans-sur-Isère puis Valence : le calme total
Tracé
Étape N°2 de 66,88 km en 3h57 de vélo soit 16,93 km/h de moyenne.
Résumé
C’est une échappée qui fait faire un aller-retour à Romans-sur-Isère dans la journée. Celle-ci commence à mi-chemin entre Tournon-sur-Rhône et Valence. C’est joli mais ça fait un gros détour de la ViaRhôna, qui n’est pas forcément évident. À l’aller il y a beaucoup de faux plat et de petites montées-descentes qui cassent le rythme et fatiguent. Quasiment que de la voie verte ou de la route de campagne calme. La traversée de Valence est, comme la plupart des villes, très mal indiquée.
Étape/nuit
Petit tour dans le centre historique de Valence, qui est assez classique. Nuit à l’hôtel Atrium qui est très bien, avec un local vélo (et un peu de matériel d’entretien).
De Valence à Montélimar : barrages et centrale
Tracé
Étape N°3 de 64,24 km en 3h40 de vélo soit 17,52 km/h de moyenne.
Résumé
Une étape pas forcément très jolie, sur laquelle on a beaucoup subit la chaleur, mais avec beaucoup de voie verte. On croise la route de nombreux barrages, et on contourne la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, toujours le long du Rhône. Le tracé officiel a la bonne idée de contourner Montélimar, en passant par Rochemaure.
Étape/Nuit
On a passé la fin de journée à Rochemaure. Un dimanche, donc rien d’ouvert, mais le vieux village a un certain charme, c’est une bonne étape pour éviter Montélimar. Assez peu de choix, on a passé la nuit à l’hôtel Médiéval qui a une grande salle pour les vélos, mais qui reste un peu cher pour la prestation.
De Montélimar à Pont-Saint-Esprit : entre Drôme et Ardèche
Tracé
Étape N°4 de 55,18 km en 3h10 de vélo soit 17,42 km/h de moyenne.
Résumé
On sort de Rochemaure pour traverser un pont suspendu très mignon, puis de la voie verte jusqu’à Bourg-Saint-Andéol. On s’éloigne ensuite du Rhône pour sillonner la campagne sur des petites routes. Trajet sympa, mais très peu d’endroits adaptés (donc à l’ombre) pour s’arrêter. Le pont pour rentrer dans Pont-Saint-Esprit n’est pas du tout adapté aux vélos (il est très étroit donc difficile à aménager), mais il offre une jolie vue sur la ville. Le tracé officiel ne fait cependant pas forcément rentrer dans la ville.
Étape/nuit
Les alentours de Pont-Saint-Esprit semblent propices à de belles balades dans les vignes, mais la ville est beaucoup plus “urbanisée” que l’on ne le pensais. La nuit en chambre d’hôtes au Mas des Îles est sans aucune doute la meilleure de notre voyage. C’est une exploitation agricole au milieu des vignes et des vergers qui fait chambre d’hôtes/gites dans un cadre magnifique, avec un accueil parfait.
De Pont-Saint-Esprit à Avignon : le paradis des vignes
Tracé
Étape N°5 de 66,92 km en 3h43 de vélo soit 18 km/h de moyenne.
Résumé
Sans doute la journée la plus dure, mais notre préférée. Ça roule bien sur des routes de campagnes jusqu’à la cité de Caderousse (avec de jolies remparts). Ensuite détour un peu bizarre pour passer dans la cité (il y a clairement une rallonge de 1-2km qui ne sert à rien).
Ensuite on approche de la partie un peu physique : le mont Redon. Grosses montées sur 2 km (à la louche), courtes mais raides, assez dur pour des novices, mais ça reste accessible (et au pire on pousse le vélo). On profite bien de la descente pour faire un record de vitesse (42,5 km/h au compteur) et sécher la sueur. À partir de Châteauneuf-du-Pape il n’y a plus que de la descente. Cette partie est sans doute la plus belle du voyage (et elle se mérite !). On sillonne entre les vignes sur des petites routes, avec un grand soleil c’est magnifique.
À partir de Sorgues, il n’y a que de la route nationale jusqu’à Avignon (pour le moment). Pour les personnes qui ne sont pas à l’aise ou qui ont des enfants il vaut mieux prendre le train à Sorgues pour rejoindre la ville.
Étape/nuit
Je ne présente pas la cité des papes, c’est une ville très jolie, on y a donc fait une pause d’une journée supplémentaire pour visiter. Ça vaut le coup, et ça permet de reposer (à peine) les cuisses. Le tour de la ville se fait en une bonne journée, visite du palais des papes inclus. On a logé dans le studio le Travertin qui est refait à neuf et très confortable. Il est possible de poser des vélos dans un local sécurisé qui se trouve à une centaine de mètres du logement.
De Avignon à Arles : un bout de Provence
Tracé
Étape N°6 de 60,45 km en 3h26 de vélo soit 17,5 km/h de moyenne.
Résumé
À partir de là les choses se corsent un peu : la ViaRhôna n’est pas encore bien aménagée. Il y a très peu de voies vertes, et les indications sont insuffisantes. Après le pont Daladier, à la sortie d’Avignon, les panneaux donnent une mauvaise direction et le site officiel ne propose pas de trace GPX à cet endroit. Le résultat est que nous sommes plusieurs groupes de cyclistes à s’être perdu sur 4-5 km, avant de sortir le GPS pour retrouver l’itinéraire. Les traversées de Aramon et Beaucaire, ainsi que tout le trajet après Beaucaire sont peu ou pas balisés. Pour le reste, c’est un joli trajet dans la campagne, que l’on a fait en une traite.
Étape/nuit
Fin de journée à Arles, qui est jolie mais assez petite et où l’accès au moindre bout de site historique se paye à prix d’or… On a passé la nuit à l’hôtel Constantin qui a pour seul mérite de ne pas être trop cher. L’accueil vélo est très discutable (au milieu du hall) et l’hôtel rudimentaire.
De Arles à Aigues-Mortes : le changement de programme
À cette étape, nous avons fait un changement dans notre parcours initial. Nous avions prévu de descendre jusqu’aux Salins de Giraud (Port-Saint-Louis-du-Rhône), d’y rester une journée (pour profiter de la mer), puis de traverser la Camargue (sur une digue de 30 km) pour rejoindre Aigues-Mortes. Cependant la météo a annoncé de la pluie orageuse et beaucoup de vents pour 3 jours (et elle ne s’est pas trompé), et clairement l’orage à vélo sur une digue c’est pas un bon délire.
On a donc décidé de rejoindre Aigues-Mortes directement depuis Arles, puis d’y faire 2 journées entières de pauses (que la météo se calme), pour ensuite finir notre voyage.
Tracé
Étape N°7 de 54,49 km en 2h55 de vélo soit 18,6 km/h de moyenne.
Résumé
Sortie de Arles pour rejoindre la campagne via Fourques. Comme la veille, très peu d’indications sur le trajet. On rejoint rapidement la D179 : peu de traffic mais il n’y a pas du tout de place pour les vélos et les véhicules roulent à 70km/h, ce n’est donc pas très agréable.
Il y a un petit tronçons entre les étangs, avant de rejoindre Gallician, qui est assez mignon, on est presque en Camargue.
Pour finir, entre Gallician et Aigues-Mortes, une voie verte en ligne droite sur 12km le long du canal. C’est mignon et calme, mais on a pris beaucoup de vent de face du coup c’était compliqué…
Étape/nuit
Grosse surprise pour nous, on ne connaissait pas du tout Aigues-Mortes et il s’avère que c’est une petite ville médiéval très mignonne à l’intérieur des remparts. On a beaucoup apprécié, et on en a profité pour visiter Nîmes qui peut se rejoindre rapidement en train. On ne regrette pas cette étape, même si les 2 jours de pauses étaient forcés. On a séjourné à l’hôtel les Croisades qui est cher (comme tout Aigues-Mortes) mais très accueillant et qui possède un garage où l’on peut ranger les vélos.
De Aigues-Mortes à Sète : enfin la mer
Tracé
Étape N°8 de 64,88 km en 4h02 de vélo soit 16,08 km/h de moyenne.
Résumé
Bilan assez mitigé par cette étape. Le début (jusqu’au Grau-du-Roi) et la fin (après Vic-la-Gardiole) sont sympas, mais pour le reste… Entre les deux il y a une alternance de mauvaises pistes cyclables (pas d’entretien, trop petites, mauvaise conception) et zones urbaines sans aucunes indications, obligeant à faire des zig-zag dans la ville en regardant le GPS. Heureusement que l’on arrive sur le bord de mer pour, au moins, être satisfait du chemin parcouru.
Le village de Vic-la-Gardiole est très jolie et il y a une petite place agréable pour le pique-nique. L’entrée dans Sète n’est pas très agréable, c’est de la route avec pas mal de voiture sur 1-2 km.
Ça ne vaut pas trop le coup je penses, mais à noter qu’on a pris beaucoup de vent de face et que j’avais une cruralgie (un peu comme une sciatique mais pas pareil) en ce dernier jour, ça ne nous a pas aidé à apprécier.
Étape/nuit
Le port de Sète est très joli, même si nous n’en avons pas franchement profité (on était épuisés). Dernière nuit à l’hôtel au Valéry, qui a pour seul mérite d’être juste à côté de la gare pour le retour le lendemain.
Conclusion
En conclusion, ce fut plus de 500 km de vélo en 8 jours. C’est clairement un super plan de vacances, qui peut s’avérer assez économique. Globalement la portion entre Vienne et Sorgues (10 km avant Avignon) est très agréable et accessible. La suite est un peu moins aménagée, il y a beaucoup moins d’indications (en particulier dans les villes), et cette partie nécessite vraiment d’avoir les traces GPX avec soit.
Faire des étapes de 50-60 km par jour permet d’avoir largement le temps de visiter en fin de journée, de faire des pauses pour manger ou admirer le paysage. Cette partie de la ViaRhôna peut donc se faire dans un temps bien plus court, en faisant plutôt 80 à 100 km par jour (pour les plus endurants), ou bien plus long, en prenant une journée de pause à plus d’endroits qui méritent le détour (en faisant toutes les échappées par exemple).
C’est incontestablement un mode de vacances qui me plaît et j’ai hâte de recommencer, ayant découvert qu’il y a de nombreux circuits de ce type en France et en Europe.